30 mai 2018
Hubert Reeves : plaidoyer pour la Terre
Sorti sur les écrans le 23 mai, le film de Iolande Cadrin Rossignol, La Terre vue du cœur doit beaucoup à l’astrophysicien Hubert Reeves.
Sorti sur les écrans le 23 mai, le film de Iolande Cadrin Rossignol, La Terre vue du cœur doit beaucoup à l’astrophysicien Hubert Reeves.
A 85 ans, l’astrophysicien mondialement connu est toujours fringant, pertinent et optimiste. Oui, malgré ses mises en garde, le scientifique se défend de toute forme de pessimisme. «Il ne faut surtout pas se retrancher dans le pessimisme » a-t-il ainsi déclaré à Libération qui l’interrogeait en marge de la sortie du film auquel il a apporté son concours. Et d’appeler au « réveil vert » de l’humanité !
Il faut protéger la biodiversité, le sort de l’humanité en dépend, explique l’homme qui a pris fait et cause pour les vers de terre et les insectes pollinisateurs qui disparaissent à une vitesse vertigineuse. « Les vers de terre ont un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité » a-t-il encore expliqué, mettant en cause les produits phytosanitaires employés par l’agriculture intensive.
« Nous vivons une situation paradoxale »
« D’un côté, nous rejetons toujours plus de gaz carbonique, nous produisons plus de déchets, nous détruisons plus de forêts, etc. De l’autre, l’engagement pour protéger l’environnement progresse, des alternatives se développent et de plus en plus de mesures sont prises pour corriger nos dégâts et restaurer les milieux naturels. » Voici ce que déclare Hubert Reeves à la revue We demain, résumant à merveille la situation complexe de notre présent. C’est pour cela que le scientifique engagé, président d’honneur de l’association « Humanité et biodiversité » ne veut pas perdre espoir. Car on peut regarder le verre à moitié vide mais aussi celui qui est à moitié plein. Nous pouvons déplorer les actions humaines dévastatrices pour l’environnement mais aussi nous réjouir que de jeunes sociétés œuvrent pour le bien commun et l’avenir de la planète. Que de plus en plus de gens soient concernés par une agriculture durable et responsable ; que certains s’attèlent à planter des arbres et protéger l’environnement qui est notre bien commun.
« J’ai besoin de prendre des bains d’arbres »
Voici encore ce que déclarait Hubert Reeves, auteur du livre Arbres aimés, dans un entretien qu’il avait donné à Télérama en 2016.
Et dans ce livre, il écrit : « Je passe beaucoup de temps dans la compagnie des arbres. J’aime aller à leur rencontre, pénétrer dans leur univers. Leur présence intense et discrète accompagne ma réflexion ou ma rêverie. Parmi eux, j’ai le sentiment confus de notre participation commune à ce puissant courant de vie qui se manifeste dans la succession de milliards de générations d’êtres vivants sur notre planète, dans un coin perdu de la Voie lactée. »
Alors, retenons sa leçon qui n’est autre que celle que lui a enseignée la Terre et qu’il nous transmet. « Des crises comme celle que nous vivons se sont déjà produites par le passé (réchauffement climatique, hausse du CO2 dans l’atmosphère, extinction des espèces…) »
« Il faut que les individus se sentent concernés individuellement par ces enjeux. La sixième extinction de masse à laquelle nous assistons avance à une vitesse encore jamais vue dans l’histoire de la planète. »
Mais « un avenir meilleur est possible, grâce aux prises de conscience citoyennes que l’on voit émerger partout dans le monde. Il ne faut surtout pas dire que tout est foutu. »
Mais « un avenir meilleur est possible, grâce aux prises de conscience citoyennes que l’on voit émerger partout dans le monde. Il ne faut surtout pas dire que tout est foutu. »