20 sept. 2018
Une nouvelle forêt ancienne va voir le jour dans le Tarn
Alors que la forêt de Białowieża, que l’on considère comme l’ultime forêt primaire d’Europe, est menacée en Pologne, deux Français ont décidé de replanter une forêt de 30
Alors que la forêt de Białowieża, que l’on considère comme l’ultime forêt primaire d’Europe, est menacée en Pologne, deux Français ont décidé de replanter une forêt de 30 000 arbres telle qu’elle était il y a 13 000 ans.
A cheval entre la Pologne et la Biélorussie, la forêt de Białowieża s’est formée il y a 10 000 ans et était restée à peu près vierge de toute activité humaine jusqu’à ces dernières années. Au prétexte d’une attaque d’insecte xylophage, le scolyte, contre les épicéas depuis 2012, le gouvernement polonais a initié des coupes dans la forêt qui est considérée comme le dernier refuge d’une biodiversité sans équivalent en Europe. Malgré une levée de boucliers, les volumes de coupes autorisés sont passés de 63 471 m3 en 2012 à 188 000 m3 à l’horizon 2021. De quoi faire réagir nombre d’organisations non gouvernementales (Greenpeace, WWF) qui ont plaidé devant les tribunaux européens la cause de cette forêt de 140 000 hectares, classée depuis 1979 au patrimoine mondial de l’Unesco et qui abrite notamment le quart de la population mondiale des derniers bisons sauvages. Aujourd’hui, le gouvernement polonais a fait taire ses machines, mais pour combien de temps ?
Il est donc particulièrement intéressant de constater que, dans le même temps, a germé dans la tête de deux jeunes Français l’idée de replanter une forêt telle qu’on eût pu en voir il y a 13 000 ans. Qu’est-ce à dire, précisément ? Il y a un peu plus de 13 000 ans prit fin la dernière période de glaciation. C’est à cette époque que le climat s’est stabilisé, ainsi que le niveau des eaux pour être à peu près tels que nous les connaissons aujourd’hui. De forêt peu diversifiée, principalement plantée de pins sylvestres et de bouleaux (ère du Tardiglaciaire) à l’apparition des essences caducifoliées (chêne, orme, tilleul, aulne, noisetier) au détriment des premières essences (ère du Boréal), les hommes étaient encore des cueilleurs-chasseurs qui n’avaient qu’une influence très modeste sur le développement des forêts. Ces forêts étaient denses, comme l’est encore aujourd’hui la forêt de Białowieża, elles abritaient un nombre d’espèces et d’organismes incroyable. C’est pour retrouver cette riche biodiversité que Yann Roques et Alexandre Leuger envisagent de replanter une forêt d’espèces indigènes, au nord d’Albi. Leur objectif est de planter 30 000 arbres d’ici à la fin de l’année. Ce sont quarante essences d’arbres qu’ils planteront selon la méthode Miyawaki, du nom du célèbre botaniste japonais. Quand dans une forêt classique on dénombre au maximum un millier d’arbres à l’hectare, eux projettent d’en planter au moins 30 000 en laissant la sélection se faire naturellement car ils partent du principe que la nature trouve toujours le moyen de se protéger. C’est aussi ce que répètent les opposants à l’intervention du gouvernement polonais dans la forêt de Białowieża. Les insectes tueront peut-être des milliers d’arbres, mais à la fin, c’est la forêt qui gagnera, comme toujours.
Yann Roques et Alexandre Leuger, eux, promettent que la forêt qu’ils planteront, à condition qu’ils parviennent à réunir les fonds, produira 750 tonnes d’oxygène par an et compensera 4 500 000 km effectués en voiture.