12 juin 2019
Scandinavie : les forêts de Suède
La Suède est la première superficie boisée de l’Europe, mais l’aménagement intensif de ses forêts lui attire des critiques.
La Suède est l’un des pays les plus boisés de l’Europe, et un cas scandinave très intéressant. Les produits forestiers sont de première importance dans son économie, mais l’aménagement intensif de ses forêts attire certaines critiques. Faisons un rapide état des lieux.
Quelle est la surface forestière de la Suède ?
La surface totale de la forêt européenne représente près de 40% de son territoire. La Suède compte, à elle seule, environ 18% de la surface totale des forêts de l’Union européenne, et 70% de son territoire est couvert de forêts. Avec 31 millions d'hectares de forêts, la Suède est le pays européen le plus boisé, devant l'Espagne (28 millions d'hectares), la Finlande (23 millions d'hectares) et la France (18 millions d'hectares). En Suède, la forêt joue par conséquent un rôle économique de premier plan. Les essences forestières les plus importantes de la Suède sont :
- l’épinette de Norvège (Picea Abies), 46% des volumes recensés sur pied
- le pin sylvestre (Pinus sylvestris), 38% des volumes recensés sur pied
- le bouleau pubescent (Betula pubescens), 11% des volumes recensés sur pied
Quelle est l'économie forestière de la Suède ?
La Suède fait figure d’Etat pionnier, pour ce qui concerne l’aménagement des forêts. Au Moyen Age, déjà, les forêts étaient récoltées pour l’exportation de matériaux de construction navale. Puis, le charbon et le goudron de bois ont joué un rôle essentiel dans le développement économique du pays. Mais au XIXe siècle, en l’absence de cadre réglementaire, la surexploitation du bois a entraîné une dégradation des forêts. Dans le même temps, la poussée démographique et l’extension de l’agriculture qui l’accompagna, grignotèrent largement les massifs forestiers du Sud du pays. Au début du XXe siècle, l’Etat imposa le reboisement après récolte. A la même époque, les industries forestières se développèrent. L’industrie forestière suédoise est alors resplendissante et le pays devient l’un des plus importants exportateurs de bois sur le marché européen. Toutefois, dans cette perspective, les Suédois ont développé une sylviculture intensive qui n’épargna que le massif forestier situé près de la Norvège, lequel demeure son unique forêt primaire.
Sylviculture intensive en Suède
Depuis 1950, la coupe totale est la principale technique de récolte en Suède, ce qui n’est pas sans poser de problèmes écologiques. Ce type de coupe s’appuie sur une rentabilité économique, qui laisse assez peu de place au respect de la biodiversité et des écosystèmes. Si la récolte est toujours suivie d’une plantation d’arbres, c’est une façon de procéder qui déstabilise les écosystèmes. Monoculture, scarifiage, utilisation de pesticides et plantation d’espèces exotiques sont des techniques d’aménagement courantes. Mises en place sur de grandes superficies, elles ont des effets négatifs sur l’intégrité de l’écosystème.
Vers une gestion continue des forêts
Heureusement, une prise de conscience a eu lieu, ces dernières décennies. Les scientifiques ont en effet démontré qu’un siècle d’aménagement intensif avait nui à la biodiversité des forêts du pays, dont 90% sont classées en forêts productives commerciales, c’est-à-dire pouvant être récoltées. Environ 2000 espèces s’y trouvent en danger et plusieurs centaines risquent l’extinction définitive, à cause des pratiques forestières intensives. Depuis les années 1990, beaucoup de choses ont été faites et des lois ont été votées pour aider à la conservation des écosystèmes lors des phases de production et de récolte du bois. La restauration de la biodiversité se fait lentement. Il reste toutefois du travail. Le grand défi de la Suède est de restaurer la biodiversité de ses forêts et d’installer une sylviculture durable et respectueuse de l’environnement, tout en étant économiquement productive.