9 août 2021
Pour empoisonner les arbres, certains ne manquent pas d’imagination
Il semble que de nombreuses personnes se demandent comment empoisonner un arbre, au vu des requêtes effectuées sur les moteurs de recherche. Quelle drôle de passion !
Vous ne vous doutiez sans doute pas que certains de nos congénères avaient la passion de l’empoisonnement des arbres, nous non plus. C’est pourtant un phénomène qui, s’il ne soulève pas les foules, vient toutefois à l’esprit d’un nombre de personnes assez conséquent pour que de nombreux sites s’y intéressent sur le web et que la presse s’en fasse régulièrement l’écho. Pourquoi diable empoisonner des arbres ? Bien que cette question nous dépasse quelque peu, intéressons-nous à ce phénomène pour tenter de le comprendre.
Comment empoisonner un arbre : une question stupéfiante
Si vous faites un tour sur le net, vous trouverez plusieurs sites qui, sans chercher à se cacher, donnent à leurs lecteurs les conseils avisés de “spécialistes” en empoisonnement d’arbres. Que ce soit à l’aide de produits chimiques pour les plus énervés, ou de gousses d’ail pour ceux qui cherchent à maquiller leur forfait en acte “respectueux de l’environnement”, c’est presque un catalogue des mille et une manières de faire mourir un arbre, soit très brusquement soit avec lenteur, afin d’être moins soupçonné par les voisins (à moins que le plaisir sadique de la mort lente y soit pour quelque chose...), qui s’étale sous nos yeux.
Où l’on apprend ainsi que pour “empoisonner un arbre discrètement”, il suffit de percer ses racines de trous avant d’y déverser un produit chimique extrêmement toxique. A priori, l’arbre devrait avoir du mal à se remettre de ce traitement radical. Quant aux gousses d’ail, elles sont présentées comme une alternative écologique aux produits chimiques et peuvent être remplacées par le sel. En effet, le sel est connu depuis longtemps pour empêcher la végétation de pousser. Il fut longtemps raconté que les Romains, après avoir pris et rasé Carthage, y avaient jeté du sel pour que rien n’y repousse. Par ailleurs, dans certaines régions du monde, comme en Caroline du Nord, l’augmentation du niveau de la mer fait aujourd’hui périr les forêts, la plupart des arbres n’étant pas adaptés à l’eau salée.
Mais l’élément le plus extraordinaire, dans ces histoires, ce sont les conseils donnés pour maquiller son forfait et empoisonner secrètement les arbres de son voisin, par exemple, sans se faire prendre. Ce qui semble arriver assez régulièrement.
L'empoisonnement d’arbres : un fait divers répandu
Comment en sommes-nous venus à nous intéresser à l’empoisonnement des arbres, nous demanderez-vous peut-être. Tout simplement par un fait divers relaté dans la presse qui a attiré notre attention sur ce phénomène. En menant quelques recherches, nous nous sommes alors aperçus qu’empoisonner un arbre n’avait rien d’une action hors du commun. La presse locale relate en effet assez régulièrement des histoires d’empoisonnement d’arbres qui semblent parfois n’avoir aucun mobile.
Ainsi, dans un petit village de l’Hérault, 19 platanes ont été empoisonnés en 2019. Suivant les conseils que l’on trouve sur le Net, des trous y avaient été percés avant qu’on leur injecte un liquide phytocide.
En 2020, ce sont plus de 100 000 euros que le Conseil départemental de l’Hérault a dû dépenser pour déraciner des arbres empoisonnés. Certains arbres étaient centenaires, mais il semblerait que certains voisins fussent dérangés par leur présence. Et les élus estiment que les cas d’empoisonnement volontaire d’arbres sont plus nombreux chaque année. Plus d’une centaine, pour le seul département de l’Hérault, en 2020, et plusieurs milliers chaque année en France !
Dans certains cas, ce sont des arbres que les riverains avaient demandé à la municipalité ou au Conseil départemental d’enlever, ce que les institutions avaient refusé, pour de bonnes raisons, qui n’ont visiblement pas convaincu les plaignants, lesquels se sont fait justice eux-mêmes.
En effet, il arrivait que les arbres incriminés perdent des feuilles dans leurs jardins ou fassent de l’ombre à leur piscine…
Décidément, si nous estimons que la nature a de la valeur, nous constatons que ce n’est pas la chose la mieux partagée du monde.