28 sept. 2019
Les arbres s’exposent à la Fondation Cartier
Jusqu’au 10 novembre, les arbres s’exposent et s’expriment à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. « Nous les arbres », disent les plus anciens membres de la comm
Jusqu’au 10 novembre, les arbres s’exposent et s’expriment à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. « Nous les arbres », disent les plus anciens membres de la communauté des vivants aux hommes que nous sommes, « écoutez et voyez ce que nous avons à vous dire ». Qui de mieux placé, pour transmettre la voix des arbres que des artistes et des scientifiques ? Un mélange très réussi, pour un résultat passionnant et détonnant !
Alors que les hommes n’ont guère plus de 300 000 ans et ne comptent que pour 0,01% de la biomasse, la première forêt fossile connue date de 385 millions d’années, ce qui place les arbres au nombre des plus anciens organismes vivants de la planète ! Tour à tour adorés, craints, puis réduits à un état utilitaire, les arbres semblent retrouver aujourd’hui la place qui leur revient, celle d’organismes vivants complexes dotés de sens, capables de communiquer, de développer une forme de mémoire et de s’adapter pour vivre en symbiose avec d’autres espèces ou au gré des modifications climatiques. Menacés en certaines parties du monde, alors qu’ils sont nos meilleurs alliés contre le réchauffement climatique et l’avancée des déserts, ils sont également l’objet d’étude de bien des chercheurs et des artistes.
D’un bout à l’autre du monde
« Etonnants voyageurs ! […] Dites, qu’avez-vous vu ? »
L’exposition de la fondation Cartier est un véritable voyage d’un bout du globe à l’autre, d’une technique artistique à une autre. Dessins, peintures, photographies, films, installations d’artistes américains, européens, orientaux : tout fonctionne, s’arrange et se suit pour nous donner une multitude d’angles de vue de ces organismes complexes et magnifiques que l’on appelle simplement arbres. Entre des carnets de dessins du botaniste Francis Hallé et un inventaire conceptuel et systématique de l’architecte Cesare Leonardi qui dresse la typologie des arbres, de leurs ombres et de leurs variations chromatiques, le botaniste Stefano Mancuso défend la notion d’intelligence des plantes et « donne la parole aux arbres », par le biais d’une installation. Aucun des artistes invités à présenter une œuvre ne manque d’imagination ou d’intuition pour dévoiler un pan caché de ces organismes vivants si secrets.
L’arbre : un être vivant comme un autre ?
Par-delà les œuvres et les réflexions exposées par la Fondation Cartier, revient la question du statut à donner aux arbres. « Rendant à l’arbre la place que l’anthropocentrisme lui avait soustraite, Nous les Arbres réunit les témoignages, artistiques ou scientifiques, de ceux qui portent sur le monde végétal un regard émerveillé et qui nous révèlent que, selon la formule du philosophe Emanuele Coccia, « il n’y a rien de purement humain, il y a du végétal dans tout ce qui est humain, il y a de l’arbre à l’origine de toute expérience ». » C’est une manière élégante de botter en touche. Bien sûr, l’homme s’est placé au centre du monde, puisqu’il est celui qui pense le monde et l’exprime. Les arbres pensent-ils le monde et la place qui est la leur sur la Terre ? Rien n’est plus difficile à dire. Que les arbres soient l’objet de notre plus grand respect et de notre plus vive admiration ; qu’ils inspirent les artistes et émerveillent les scientifiques, c’est tout à fait évident et logique. Mais peut-on faire pour autant de l’arbre un être vivant aussi sensible que l’homme sans tomber une nouvelle fois dans l’anthropomorphisme ?
NOUS LES ARBRES, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 Boulevard Raspail, 75014 Paris
Du 12 juillet au 10 novembre 2019