18 nov. 2019
Bourgogne Champagne : la France crée un nouveau Parc national forestier
Ce sera le onzième Parc national des forêts en France. Après dix ans de travail, la création du Parc national des forêts de Champagne-Bourgogne vient d’être annoncée. Son
Ce sera le onzième Parc national des forêts en France. Après dix ans de travail, la création du Parc national des forêts de Champagne-Bourgogne vient d’être annoncée. Son but est la préservation d’espaces forestiers uniques, mais aussi d’en faire LE centre de recherche sur la forêt en Europe.
Les parcs nationaux de la Vanoise, de Port-Cros, du Massif des Ecrins ou encore du Mercantour sont connus. Il faudra désormais compter avec celui des régions Champagne Bourgogne, qui prend la onzième position, dans l’ordre de création, derrière celui des Calanques dans la région de Marseille. Sa particularité est d’être dédié à la conservation des feuillus de plaine, ce qui n’existait pas jusqu’alors. Et d’être ainsi le centre de recherche d’Europe sur la forêt.
Un parc national forestier extraordinaire
Majoritairement feuillues, les forêts du onzième parc national forestier de France sont représentatives des plateaux calcaires du quart nord-est de l’Hexagone. Situé au confluent des climats continental et océanique et subissant des entrées méditerranéennes et alpines, sa position est exceptionnelle, si bien que la forêt peut compter plus de quinze essences d’arbres à l’hectare. Charmes, frênes, chênes, érables, merisiers, tilleuls… sur plus de 240 000 hectares où l’essence majoritaire est le hêtre. Plus de 80% de la forêt, qui sera méticuleusement préservée, était déjà présente au moment de la Révolution française, ce qui est un fait remarquable sur le territoire français.
La biodiversité y est par conséquent rare et riche. L’avifaune forestière y est bien représentée, avec plusieurs couples de cigognes noires, l’autour des palombes, la chouette de Tengmalm, qui est devenue très rare, et six espèces de pics ; mais on y compte aussi des chats sauvages, ainsi que les grands mammifères en nombre : cerfs, chevreuils et sangliers.
A cheval sur les départements de la Haute-Marne et de la Côte-d’Or, il couvrira exactement 241 781 hectares, dont un cœur de 56 000 hectares et une réserve intégrale de 3 100 ha. Il participera à la préservation des forêts domaniales de Châtillon, d’Arc-en-Barrois et d’Auberive, et des boisements voisins. Il protègera aussi des marais tufeux, des pelouses sèches, des éboulis rocheux et des prairies de fond de vallées, ainsi qu’un riche patrimoine archéologique et historique. Le parc national est parcouru par 694 kilomètres de cours d’eau.
Le centre de recherche d’Europe sur la forêt
Outre le rôle essentiel de préservation du patrimoine forestier qui est dévolu au nouveau parc de Bourgogne Champagne, celui-ci est dédié à la recherche sur la forêt. C’est un rôle exceptionnel et primordial dans toute l’Europe. C’est ainsi qu’une parcelle de 3000 hectares sera exclusivement réservée aux chercheurs, soit un laboratoire à ciel ouvert, ce qui est inédit en France. C’est une première sur une si grande surface, s’est réjoui Bernard Frochot, qui est le directeur du comité scientifique. « L'intérêt scientifique c'est d'avoir une grande étendue et d'observer comment une forêt se débrouille toute seule pour se régénérer lorsqu'il n'y a plus d'impact humain », a-t-il expliqué au micro de France Inter.
Privilégier le tourisme vert
Agriculteurs, chasseurs, forestiers et élus ont protesté contre la création de ce parc, chacun craignant que ses prérogatives soient rognées. En effet, si la chasse sera maintenue, mais mieux régulée, comme l’expliquent Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp, respectivement directeur du projet de création du Parc national et chargé de mission biodiversité, il est prévu que 8 à 10% des coupes de bois soient gelées. Pour compenser la perte de revenus de certaines municipalités, l’économie locale sera réorientée vers un tourisme vert qui devrait rencontrer un franc succès. Le maire de Bure-les-Templiers estime ainsi que ce sera un formidable levier pour l’économie de son territoire. Car, à terme, le parc a un objectif de 100 000 visiteurs annuels. Il y a donc du pain sur la planche, compte tenu des 200 places d’hébergement qui se trouvent actuellement sur tout le territoire.
Mais un si beau projet mérite bien qu’on se retrousse les manches. Et devrait largement profiter à l’économie locale, à la biodiversité française et à la recherche mondiale.