13 févr. 2019

Les arbres font la ville

L’abattage des arbres n’est pas nouveau dans les villes, Giono le déplorait déjà à Manosque, il y a soixante-cinq ans de cela. Et pourtant ! Quelle vie sans arbres ? Quel

Théophane Le Méné
Théophane Le MénéDirecteur Général
Les arbres font la ville

L’abattage des arbres n’est pas nouveau dans les villes, Giono le déplorait déjà à Manosque, il y a soixante-cinq ans de cela. Et pourtant ! Quelle vie sans arbres ? Quelles villes voulons-nous ? Les villes ont besoin de leurs verts habitants.

« Il y avait une allée d’ormes. Ils étaient là depuis qui sait combien ? Des troncs humains avec des cals et des blessures, une chevelure de mousse au fond de l’eau, des mouvements de haute mer. La vague de feuilles commençait là-haut vers le Soubeyran, elle coulait d’arbre en arbre en soulevant une écume d’oiseaux. Par là-dessous cet antre frais, le promeneur rompait son pas ; il poussait devant lui un poids toujours plus lourd de douceurs et de chants, puis il devenait lui-même immobile ; il écoutait, il s’imbibait de haute vie et de santé verte. Au temps des grands vents, dans ces arbres épanouis comme des cithares, Apollon lui-même venait chanter tout le farouche de son cœur. On le voyait…

(…) On a coupé l’allée d’ormeaux au ras du sol. Chaque fois qu’un grand tronc tombait, tout le dessous de la ville gémissait et frissonnait…

(…) Et puis, au détour de la rue, j’ai vu tous mes arbres par terre.

Ah ! voilà une chose qui vous vide. C’est encore plus cruel que le ver pour l’amande. Le ver, au moins, y met du temps à ronger ; elle a le temps de s’habituer. Mais, là, tout d’un coup, se sentir debout sur la terre avec seulement de la viande et des os ! N’avoir plus qu’un cœur de viande, vous pesez bien tout le cruel de ça pour ceux qui sont seuls avec les grandes choses de la terre.

(…) Ce côté du couchant est donc facile à déchiffrer depuis qu’on a coupé les arbres : la Poste, trois cafés, une usine. Il n’y a rien d’autre à apprendre aux enfants que les marques d’automobiles. »

Nantes nue

En ce début d’année, les Nantais pleurent leurs arbres. A plus d’un demi-siècle d’écart, à près de mille kilomètres de distance, la tristesse est la même. Certes, tout un chacun n’a pas la poésie de Giono pour le dire, mais la déploration est la même. L’abattage « ne plaît pas vraiment aux Nantais qui aiment venir flâner sur les quais », nous assure Soizic Bour sur France Bleu. Et de rapporter les paroles des Nantais : « ça surprend, ça fait un vide. » « Ils auraient dû les laisser. » « Puisque de ce côté-là, il n’y a rien, c’est triste. » « Ça devient de plus en plus nu ici »…

Alors, la mairie a beau invoquer des travaux entrepris pour réaliser une piste cyclable le long des bords de l’Erdre ; elle peut arguer de la mauvaise santé des arbres abattus ; il se peut bien que le bois soit intelligemment réutilisé et que des arbres soient replantés dans quelques années ; une ville nue, ça attriste.

Gageons que la ville de Nantes, qui fut nommée Capitale verte de l’Europe en 2012-2013, replantera de beaux platanes comme elle l’a promis, mais retenons la leçon : les citadins ont aussi besoin d’arbres !

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