1 févr. 2019
Mythologies et religions : des histoires d’arbres
Que ce soit dans le chamanisme, chez les Juifs et les chrétiens, dans la mythologie grecque et latine, dans le bouddhisme ou l’hindouisme, mais encore dans les cultes dr
Que ce soit dans le chamanisme, chez les Juifs et les chrétiens, dans la mythologie grecque et latine, dans le bouddhisme ou l’hindouisme, mais encore dans les cultes druidiques des Celtes, les arbres tiennent une place de premier ordre, dont certaines religions ou mythologies partagent la même symbolique.
Petit tour d'horizon de ces arbres mythiques.
La pomme d’Adam
Dans le premier livre de la Bible – la Genèse – Dieu interdit à Adam et Eve de manger « du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal ; car au même temps que vous en mangerez, vous mourrez très certainement. » Eve cependant, tentée par le serpent, qui lui représente qu’en mangeant de ce fruit « vous serez comme des dieux, en connaissant le bien et le mal », « en ayant pris, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea aussi ». Et les voici tous deux condamnés à quitter leur état d’innocence, étant, ainsi que Dieu le dit « devenu[s] comme l’un de nous, sachant le bien et le mal » et condamnés à travailler la terre avant d’y retourner.
Dans la Bible encore, le bois de sétim revêt une importance primordiale. Cet arbre produisant un bois précieux semble être une variété d'acacia. Villiers de l’Isle-Adam l’évoque ainsi dans ses Contes cruels : « Le quartier des tisserands, où les dromadaires, montés par les marchands d'Asie, viennent, chargés de bois de sétim, de pourpre et de fin lin». Il s’agit d’un bois imputrescible très dur. Dans le livre de l’Exode, de longs chapitres racontent comment Dieu dicte à Moïse la manière dont il doit construire son autel où rendre l’Holocauste, ainsi que son tabernacle. Outre le lin fin et les pierres précieuses, Dieu lui demande de bâtir l’autel, le tabernacle et l’arche d’alliance en bois de sétim. C’est de ce bois aussi qu’aurait été faite la couronne d’épine placée sur la tête du Christ.
Cosmologie
Commun à plusieurs mythologies, l’Arbre du Monde évoque un arbre cosmique qui relierait les différentes parties de l’univers (céleste, terrestre et souterrain). On retrouve cette image dans les mythes de nombreux peuples indo-européens : Perses, Slaves et Germains. En Scandinavie, Yggdrasil, l’arbre cosmique, déploie ses branches dans les cieux tandis que ses racines mènent au pays des géants et des hommes, et aux enfers. L’arbre cosmique est sans doute un frêne. Chez les peuples précolombiens et les chamanistes de Sibérie, l’Arbre du Monde symbolise la Terre-Mère. Il serait un médium pour permettre au chamane de passer d’un monde à l’autre.
Dans leur Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier et Aain Gheerbrant écrivent : « le chêne serait la figure par excellence de l’arbre, ou de l’axe du monde, tant chez les Celtes qu'en Grèce, à Dodone. C'est encore le cas chez les Yakoutes sibériens. »
En Inde, le figuier cosmique, Asvattha (ou arbre Pippal, ficus religiosa) est le représentant sur terre de Brihaspati, qui n'est autre que Jupiter. C'est un arbre hautement sacré, car il est dédié à la trimurti (trois dieux) : Brahmâ, Shiva, Vishnu. On l'honore plus particulièrement pendant le mois de Shravana (juillet-août). C'est à l'ombre de son feuillage que Siddhartha, le bouddha historique, atteignit l'Éveil. Il abrite l'âme des défunts, et on lui rend un culte de fécondité et de fertilité. On se sert de son bois pour allumer le feu sacré.