9 oct. 2019
La Norvège fixe le prix du carbone mondial et incite le Gabon à préserver sa forêt
Afin qu’il préserve sa forêt tropicale, la Norvège double le prix de la tonne carbone et rétribue le Gabon.
Alors que ce sont des milliers de kilomètres carrés de forêt qui brûlent en Indonésie, après ceux de la forêt d’Amazonie, la Norvège a décidé de payer le Gabon pour qu’il préserve sa forêt. Et double par la même occasion le prix de la tonne de carbone. Et s’il valait mieux soutenir que punir ?
Inciter pour contenir le réchauffement climatique
Le monde entier se cherche un modèle pérenne pour contenir le réchauffement climatique et tous les désordres naturels et humains qui s’en suivront. Plutôt que de stigmatiser ou de chercher des mesures de rétorsion, la Norvège a choisi d’encourager. C’est ainsi qu’elle vient de signer un accord avec le Gabon, dont le pays est couvert à près de 90% de forêts, pour qu’il la préserve et réduise ses émissions de carbone.
Il est urgent d’agir de manière positive
Quatre ans après l’Accord de Paris, l’humanité n’a jamais rejeté autant de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Le GIEC nous a mis en garde par deux fois cet été : le réchauffement climatique ne cesse d’accélérer et c’est la fertilité des terres qui est en jeu, donc la nourriture d’une partie du monde. A Biarritz, les dirigeants mondiaux se sont émus de la situation des forêts tropicales, reconnaissant que les objectifs de l’accord de Paris ne pourraient être atteints sans la préservation des grands bassins forestiers tropicaux. La Norvège a pris acte de ces discours et proposé un prix pour cette conservation des écosystèmes vitaux : elle paiera le Gabon pour qu’il maintienne sa forêt.
La Norvège agit en aidant le Gabon à préserver sa forêt
Le Gabon est situé en plein cœur de la forêt tropicale d’Afrique centrale, que l’on appelle le deuxième poumon de la Terre. La superficie de cette forêt est aussi vaste que l’Europe occidentale. Or, depuis plusieurs années, les autorités gabonaises agissent dans le sens de la conservation de la nature. C’est ainsi que l’Etat possède 13 parcs nationaux couvrant 11% de son territoire, ainsi que 20 aires marines protégées. De la sorte, le Gabon peut se targuer d’héberger près de 60% des éléphants de la forêt qui subsistent en Afrique, bien que ne possédant que 12% des forêts du bassin du Congo. L’Etat a déjà réformé son secteur forestier et tout bonnement interdit l’exportation de grumes. Puis, il s’est doté de la certification FSC. Ce sont toutes ces garanties qui ont incité la Norvège à signer un accord de préservation des forêts du Gabon
Rémunérer le carbone non émis ?
Pour « augmenter la valeur des forêts tropicales gabonaises afin de garantir que la conservation et l'exploitation durable puissent être utilisées comme outils pour améliorer le niveau de vie de la population gabonaise en créant des emplois et des moyens de subsistance, tout en préservant nos trésors naturels et nos écosystèmes riches en biodiversité », ainsi que l’a déclaré le ministre gabonais de la forêt, la Norvège paiera 10 dollars chaque tonne de carbone non émise, en se basant sur la moyenne des émissions du pays au cours des dix dernières années. L’enveloppe maximale sera de 150 millions de dollars au cours des dix prochaines années. C’est ainsi que la Norvège agit concrètement pour lutter contre le réchauffement climatique, et double le prix de la tonne de dioxyde de carbone, par la même occasion.
La tonne de CO2 est fixée à 10$
Par cet accord, la Norvège a donc pris l’initiative de doubler le prix de la tonne de carbone des forêts tropicales. Elle pousse naturellement le prix mondial du carbone à la hausse. C’est ainsi que le ministre norvégien du Climat et de l’Environnement s’est réjoui d’avoir fixé un prix plancher du carbone à 10 dollars la tonne. La forêt du Gabon, qui recouvre 88% du territoire et dont 98% du couvert forestier doit demeurer en l’état, au vu de l’accord signé avec la Norvège, prend ainsi une véritable valeur.
La Cafi (Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale) estime que par cet accord historique, c’est la première fois que « les efforts d'un pays d'Afrique pour lutter contre la déforestation sont ainsi valorisés. » Espérons que cela donne des idées à d’autres !