14 nov. 2018

La forêt n’est pas une usine à bois

C’est par ce slogan que des membres de l’ONF et des militants qui les accompagnaient ont fait parler d’eux, il y a peu, à travers une marche très médiatisée : « la forêt

La forêt n’est pas une usine à bois

C’est par ce slogan que des membres de l’ONF et des militants qui les accompagnaient ont fait parler d’eux, il y a peu, à travers une marche très médiatisée : « la forêt n’est pas une usine à bois. » La forêt est en effet bien plus que cela. Elle est ce qui nous fait vivre, lato sensu. Les arbres nous sont utiles pour respirer et rêver, ils nous permettent aussi de construire un monde plus écologique.

La forêt peuple notre imaginaire depuis la nuit des temps. Avec les montagnes et les océans, elle nourrit les plus profonds fantasmes qui nous hantent, que la littérature et les arts ont illustrés depuis fort longtemps. Forêt mythique de Brocéliande où Le livre du Graal prend racine ; arbres enchantés et guerriers de Tolkien ; effrayante forêt shakespearienne qui soudain se soulève pour marcher contre le régicide Macbeth ; forêt où se cachent le loup et les ogres des contes ; roi des aulnes tueur d’enfant chez Goethe… Non, nul ne saura réduire la forêt à une usine à bois. Nul, à moins d’être dépourvu de cœur, tant la forêt inspire de crainte et de respect, depuis toujours. Aussi faut-il entendre le cri de ceux qui ont choisi de travailler dans cet environnement plus vivant qu’aucun autre, et qui craignent qu’on en fasse une usine à bois, ce qui reviendrait à lui arracher le cœur, et à nous déshumaniser totalement.

La forêt doit être traitée avec respect et dans l’objectif de préserver sa biodiversité, à la fois pour que nous puissions transmettre à nos enfants la richesse de bois profonds où les rêves prennent naissance, et pour qu’ils puissent vivre, tout d’abord, biologiquement. Car si la forêt pousse au respect, c’est qu’elle est à la fois l’inépuisable source de notre imagination et de l’air que nous respirons, aussi physiquement que spirituellement indispensable à notre existence d’être humain. Nous oserions presque faire un pas de plus et nous aventurer à dire qu’aux bêtes qui la peuplent, elle est aussi doublement utile, non seulement biologiquement mais peut-être également à un autre degré que nous ne soupçonnons pas. Mais, de même que les bêtes s’en servent pour s’y abriter, construire des barrages ou s’en nourrir, les hommes ont droit de l’exploiter et ont le devoir de le faire avec plus de respect que les bêtes.

Gare donc à l’industrialisation déraisonnée de la forêt, qu’elle soit publique ou privée. L’industrialisation déraisonnée de la forêt engendre la malforestation, soit la plantation d’une seule espèce sur une terre auparavant défrichée, abattue en coupe rase. De même, nous l’avons maintes fois écrit, il existe de nombreuses alternatives à l’utilisation d’engrais chimiques, de pesticides, qui détruisent l’humus, ce vivier foisonnant qu’il nous appartient de préserver. Mais, disons-le aussi car les clichés citadins sont féroces : la préservation des forêts passe aussi par leur entretien, donc par la coupe raisonnée des arbres.

Forêt publique, forêt privée, le débat n’est pas là. Nous ne croyons pas que le danger vienne d’une privatisation des forêts, car nous pensons que la vertu n’est pas une prérogative de l’Etat. La vertu est une qualité qui appartient en propre à chacun, aussi pensons-nous qu’il est possible de prendre soin des forêts qui nous sont confiées, en agissant comme des propriétaires forestiers responsables, tout comme il est possible de le faire à l’Etat – ce qu’il a fait depuis longtemps. L’Etat a joué un rôle majeur dans l’afforestation du pays en décidant d’exploiter les forêts pour construire d’abord le royaume et sa flotte, ensuite la République, son vaste réseau ferroviaire et électrique. De la même manière que les troupeaux bovins et ovins grandissent en étant utiles à l’homme, les forêts se développent et foisonnent depuis qu’elles ont aussi une utilité économique. L’exploitation du bois ne signifie pas la fin des belles forêts, bien au contraire. Une forêt entretenue se développe mieux qu’une forêt laissée à l’abandon. Dans les contes de Perrault, le bûcheron est celui qui fait la jonction entre le monde sauvage de la forêt et le monde civilisé des villages et des campagnes. Depuis des milliers d’années, l’homme utilise donc le bois sans avoir rien arraché au mystère des forêts. Une fois encore, tout est question de mesure, or la mesure est ce qui a toujours caractérisé l’esprit français. Conservons notre richesse : notre esprit mesuré et les forêts qui nous donnent de si beaux arbres. Utilisons les ressources que nous donne la nature tout en la respectant. Il n’est pas question de voir les forêts uniquement comme une réserve de ressource à piller, mais il n’est pas question non plus de cesser d’utiliser le bois qu’elles nous donnent. Profiter raisonnablement de la richesse des forêts à bon escient, c’est extraire des arbres arrivés à maturité pour les vendre, faire vivre un écosystème d’une filière qui compte 450 000 emplois, et se donner les moyens d’entretenir et de régénérer les massifs forestiers de notre beau territoire.

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