2 janv. 2020

Focus sur l’aulne glutineux

Espèce aujourd’hui menacée, l'aulne glutineux a eu de très nombreux et divers usages au cours des siècles.

Focus sur l’aulne glutineux

Aujourd’hui menacée, cette espèce a eu de très nombreux et divers usages au cours des siècles. Son bois réputé imputrescible porte notamment la moitié de la ville de Venise. L’aulne glutineux est très présent dans la flore indigène européenne. Il faut aujourd’hui en prendre soin.

Les différents noms de l'aulne

Alnus glutinosa porte différents noms vernaculaires. Verne ou vergne, il est à l’origine de nombreux patronymes ou toponymes qui prouvent que son usage et que sa présence furent répandus. On l’appelle encore aulne noir et aulne poisseux. Cet arbre au feuillage caduque, de la famille des bétulacées, est une espèce à tendance pionnière qui supporte mal la concurrence et cède généralement du terrain lorsque d’autres espèces viennent s’implanter. C’est à cause de son écorce foncée qu’on l’appelait arbre nègre en Roussillon et en Catalogne, mais aussi du fait que l’on prétendait que les sorcières utilisaient son charbon pour tracer des cercles magiques. Le charbon de bois fut en effet l’un de ses usages.

Morphologie et topologie de l'aulne glutineux

De port conique, son écorce crevassée est de couleur brun noir. Ses feuilles ovales sont tronquées au sommet, on pourrait les croire coupées d’un coup de ciseaux. La face supérieure est vert foncé, luisante et gluante, tandis que la face intérieure est mate, présentant des touffes de poils à l'angle des nervures. Les rameaux sont fins, souples, et se couvrent de lenticelles avec l’âge. Les bourgeons sont violets, gluants et retirés du rameau.

L'espèce produit des chatons mâles et femelles. Les chatons mâles sont longs de 6 à 10 cm, les chatons femelles petits et globuleux. Les fruits, nommés strobiles, ont la forme d’un cône vert virant au brun ; ils sont globuleux et mesurent un centimètre de diamètre.

L’aulne glutineux se plaît dans les sols humides voire détrempés. Sa préférence va aux sols acides. C’est une espèce collinéenne, qui peut vivre en moyenne montagne jusqu’à 1200 mètres d’altitude, et l'espèce d'aulne qui supporte le mieux l'eau stagnante et les sols lourds. Contrairement à l’aulne vert, l'aulne glutineux souffre très vite de la sécheresse.

Usages du bois de l'aulne

En raison de son important système racinaire, l’aulne permet de consolider les rives des cours d’eau. On l’utilise également en foresterie pour préparer les sols qu'il assainit et enrichit avant la plantation de peupliers. Les forestiers le considèrent comme un engrais vert. Réputé imputrescible dans l’eau, il a été utilisé pour la construction de conduites d’eau souterraines et de rigoles. Il peut également être employé en drainage, assurant l’écoulement des eaux et l’aération des sols. Au Moyen Age, les chapeliers utilisaient son écorce pour teindre les feutres en noir. Les aulnaies ont également été longtemps cultivées pour la fabrication de charbon de bois.

Ses racines et ses feuilles accueillent une importante faune, notamment d’insectes et d’arachnides, si bien que pour se débarrasser de la vermine qui avait envahi les maisons, les écuries ou les poulaillers, on disposait jadis au sol des feuilles d’aulne humides de la rosée du matin, qui attiraient toute la vermine, et que l’on jetait ensuite au feu. C’est pour cette raison que l’aulne se fait aussi appeler verne, étymologiquement proche du mot vermine.

Maladies de l'aulne glutineux

Outre le fait que le nombre des populations d’aulnes glutineux a diminué en raison de l’artificialisation des sols et du déboisement des berges, combiné au relatif abandon du charbon de bois, l’arbre est victime d’une maladie nommée Phytophthora alni. Celle-ci progresse en Europe depuis le début des années 1980, se signalant par des feuilles anormalement nombreuses, trop petites et jaunissantes, un houppier clairsemé (mais homogène), des taches rouille à noirâtres à la base du tronc, marquant des zones de nécroses sous l'écorce et évoquant un chancre, souvent accompagnées de coulures goudronneuses (exsudats). La mortalité est très importante en Bavière, en région wallonne, en Angleterre et en France.

L’aulne serait ainsi, avec l’orme, l’espèce d'arbre la plus menacée dans les écosystèmes naturels européens. Le recépage permet — dans les zones touchées — de produire des brins sains, car le microbe ne semble pas passer facilement de la souche au rejet dont le système immunitaire peut être dopé par le recépage. Il est primordial, par ailleurs, de conserver des ripisylves à haute biodiversité, c'est-à-dire non équiennes, constituées d'espèces autochtones, adaptées au milieu et génétiquement diversifiées, afin de contrôler et limiter cette maladie qui n’en demeure pas moins préoccupante.

 

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