2 mai 2018
Demain, des tours en bois 2.0 ?
Le XXIe siècle sera-t-il celui du bois ? C’est ce qu’assure Timothée Boitouzet, fondateur de la start-up Woodoo, qui estime que les villes seront construites en bois, dem
Le XXIe siècle sera-t-il celui du bois ? C’est ce qu’assure Timothée Boitouzet, fondateur de la start-up Woodoo, qui estime que les villes seront construites en bois, demain.
Pas des villes basses et qui risquent de s’embraser au premier feu de cuisine mal maîtrisé. Non, le jeune architecte inventeur ne prétend pas nous faire revenir au Moyen Age, mais voit déjà s’élever des gratte-ciels en bois. Après l’ère du fer au XIXe et celle du béton au XXe, le jeune entrepreneur annonce celle du bois au XXIe. L’empreinte carbone du bois qu’il promeut serait deux fois moindre que celle du béton et 130 fois moindre que celle du métal.
Quel bois ?
La technique qu’il a brevetée est révolutionnaire. Ce qu’il appelle du bois concret est en réalité un nouveau matériau réalisé à partir de bois massif, augmenté pour en faire un bois translucide, imputrescible, trois fois plus rigide que le bois d’origine et plus résistant au feu. C’est après quelques années de recherche qu’il a découvert comment extraire la lignine du bois, pour la remplacer par un polymère biosourcé. Cela par un procédé de chimie verte qui permet d’imprégner le bois par un monomère qui le polymérise. Pour le dire plus simplement, le bois est imprégné d’une résine végétale. L’avantage est qu’il devient ainsi plus dur et beaucoup moins menacé par la pourriture ou l’embrasement, autorisant à imaginer toute sorte d’utilisation, car sans lignine, les champignons n’ont plus d’intérêt à s’attaquer au bois.
Rien ne se perd
Une fois extraite, la lignine intéresse la chimie fine qui l’utilise comme ersatz à des produits pétroliers pour synthétiser du benzène, des phénols ou de la vanilline, par exemple. Le bois modifié, lui, est recyclable. Par ailleurs, il ne risque pas de pousser à une surexploitation des forêts ou de faire augmenter les prix du bois car il est intéressé par les essences les moins utilisées dans la construction ou l’ameublement que sont le peuplier, le charme ou le tremble. Cela permettrait au contraire de diversifier les essences exploitées, donc de renouveler le peuplement de nos forêts. L’inventeur, qui n’hésite pas à parler d’une quatrième révolution industrielle, estime que ce bois 2.0 sera le Gore-Tex de demain.
Pour quoi faire ?
Cette nouvelle technologie intéresse tout d’abord le secteur du luxe, de la lunetterie, le secteur automobile, qui y voit un grand intérêt pour modifier l’intérieur des voitures, ainsi que le secteur du mobilier et de l’ameublement. Mais la deuxième étape, qui promet le plus de perspectives économiques et écologiques est celle du développement du secteur du bâtiment. Le jeune entrepreneur qui espérait une levée de fonds de 3 millions d’euros au début de l’année 2018 lui prévoit un avenir immense.
Un entrepreneur français
Timothée Boitouzet, le fondateur de Woodoo est un architecte français. Il est également biologiste. D’abord chercheur au MIT à Cambridge, puis à Harvard, au département de chimie, il a ensuite intégré l’agence Dominique Perrault Architecture puis l’agence Henning Larsen Architects à Copenhague, en 2013 avant de travailler pour Herzog & Meuron, à Bâle. C’est en 2016 qu’il a fondé Woodoo qui a reçu de nombreux prix.
Les jeunes entrepreneurs français d’aujourd’hui ne cessent de prouver qu’ils travaillent à l’avenir du monde. Ils ont compris qu’il fallait mettre leur ardeur et leur intelligence au service d’une industrialisation qui prenne soin de la nature. Ils se valorisent en la valorisant. C’est aussi le credo d’EcoTree.