16 sept. 2025
Comprendre la méthodologie du Label Bas Carbone : forêts, haies, prairies et agriculture
Découvrez la méthodologie du Label Bas Carbone pour les projets forêt, haies, prairies et agriculture, et certifiez des réductions de CO₂ fiables et durables.

Le Label Bas Carbone (LBC) est devenu la référence française pour certifier des projets qui réduisent ou séquestrent des émissions de CO₂. Mais ce qui fait la force de ce label, c’est avant tout la rigueur de ses méthodologies. Ces méthodologies sont des documents techniques approuvés par le ministère de la Transition écologique et conçus avec des scientifiques, des experts de terrain et des représentants des filières concernées.
Elles définissent précisément comment mesurer, vérifier et certifier l’impact climatique d’un projet. Autrement dit, sans méthodologie validée, il n’y a pas de Label Bas Carbone possible.
Dans cet article, nous allons plonger au cœur de ce processus et expliquer comment il s’applique concrètement dans quatre domaines majeurs : les forêts, les haies, les prairies et l’agriculture.
Pourquoi une méthodologie est indispensable
Le marché du carbone a été critiqué ces dernières années pour son manque de rigueur. Des enquêtes ont révélé que certains projets certifiés à l’étranger reposaient sur des données approximatives, voire sur des réductions d’émissions inexistantes. Ces scandales ont mis en lumière le besoin de transparence et de fiabilité.
Le Label Bas Carbone répond à ce problème grâce à des méthodologies publiques et transparentes qui garantissent trois points-clés :
- L’additionnalité
Le projet LBC doit apporter un bénéfice climatique qui n’aurait pas eu lieu sans lui.
Exemple : planter une forêt dans une zone qui serait restée en friche, et non simplement certifier une forêt qui existait déjà.
- La mesurabilité
Chaque tonne de CO₂ évitée ou séquestrée doit être quantifiable avec des données précises et vérifiables.
- La permanence
Les résultats doivent être durables dans le temps, avec des mesures pour éviter la réémission du carbone stocké (par exemple en cas d’incendie ou de déforestation).
En résumé, la méthodologie est le “mode d’emploi” officiel qui garantit la crédibilité d’un projet.
1. La méthodologie LBC pour les projets forestiers
Les forêts jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique grâce à leur capacité naturelle à capturer et stocker le CO₂. En France, le Label Bas Carbone propose plusieurs méthodologies pour valoriser ce rôle.
Types de projets forestiers certifiés
- Reboisement : planter des arbres sur des terrains nus ou dégradés.
Exemple : replanter une forêt après une tempête ou un incendie, comme dans les Landes après la tempête Klaus de 2009.
- Régénération naturelle assistée : favoriser la repousse naturelle en limitant les pressions extérieures (animaux, exploitation excessive).
- Gestion forestière améliorée : optimiser la gestion d’une forêt existante pour augmenter son stock de carbone.
Exemple : laisser certains arbres vieillir plus longtemps avant la coupe pour stocker davantage de CO₂.
Comment fonctionne la méthodologie forestière
- Établir l’état initial : mesurer le carbone déjà présent dans la forêt au début du projet.
- Définir un scénario de référence : estimer ce qui se passerait sans intervention (exemple : la forêt resterait dégradée).
- Mesurer les bénéfices du projet : calculer la différence entre la situation de référence et la situation après mise en place du projet.
- Vérifier sur le long terme : suivre la forêt pendant plusieurs années grâce à des audits réguliers.
Ce suivi peut durer plusieurs décennies, car les arbres capturent du CO₂ tout au long de leur croissance.
2. La méthodologie pour les haies
Les haies bocagères, souvent présentes dans les campagnes françaises, sont de véritables alliées du climat et de la biodiversité. Elles stockent du carbone dans leur biomasse et dans les sols, tout en offrant un habitat pour de nombreuses espèces.
Objectifs principaux
- Planter de nouvelles haies pour augmenter la séquestration de carbone.
- Gérer durablement les haies existantes pour maintenir et améliorer leur potentiel de stockage.
Étapes de certification
- Mesurer la longueur et l’état des haies avant le projet.
- Déterminer un scénario sans projet (exemple : haies non entretenues, risque d’arrachage).
- Calculer la quantité de CO₂ stockée grâce au projet.
- Assurer un suivi régulier pour vérifier que les haies sont bien entretenues et protégées.
Exemple concret : une coopérative agricole plante 15 km de haies dans une zone de grande culture pour réduire l’érosion des sols, favoriser la biodiversité et stocker du carbone.
3. La méthodologie pour les prairies
Les prairies permanentes sont des zones naturelles où l’herbe pousse sans être labourée. Elles ont un rôle majeur dans le stockage du carbone dans les sols, car les racines profondes et la matière organique s’accumulent au fil du temps.
Actions certifiables
- Maintenir les prairies en évitant leur conversion en cultures.
- Améliorer les pratiques de gestion pour maximiser la séquestration de carbone (pâturage raisonné, fertilisation optimisée).
Un enjeu agricole majeur
En France, les prairies représentent une grande surface agricole et sont directement liées à l’élevage. Protéger et valoriser ces prairies, c’est donc à la fois lutter contre le changement climatique et soutenir des filières agricoles durables.
Exemple : un éleveur choisit de conserver ses prairies au lieu de les transformer en champs de maïs, ce qui permet d’éviter des émissions importantes et de stocker du CO₂.
4. La méthodologie pour l’agriculture
L’agriculture représente environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre en France, notamment à cause du méthane et du protoxyde d’azote. Le Label Bas Carbone propose plusieurs leviers pour réduire cet impact.
- Pratiques agricoles bas carbone
- Réduction des intrants : diminuer l’utilisation d’engrais azotés pour limiter les émissions de protoxyde d’azote.
- Changements alimentaires pour le bétail : adapter la ration pour réduire les émissions de méthane des ruminants.
- Agroécologie : intégrer des cultures diversifiées et favoriser la couverture permanente des sols.
Certification étape par étape
- Identifier les pratiques actuelles et les émissions associées.
- Définir les améliorations à mettre en place.
- Calculer la réduction d’émissions obtenue grâce à ces changements.
- Vérifier les résultats sur plusieurs années.
Exemple : une exploitation laitière introduit des légumineuses dans ses cultures pour réduire l’usage d’engrais azotés, tout en améliorant la qualité de l’alimentation du bétail.
Pourquoi ces méthodologies sont cruciales pour les entreprises
Pour une entreprise qui souhaite compenser ses émissions ou contribuer à des projets naturels, comprendre la méthodologie du LBC est essentiel. Cela lui permet de :
- S’assurer de la crédibilité des crédits carbone achetés,
- Choisir un type de projet adapté à ses valeurs et à son territoire,
- Communiquer de manière transparente auprès de ses clients et partenaires.
En d’autres termes, la méthodologie est ce qui transforme un projet climatique en un investissement fiable et mesurable.
Le Label Bas Carbone, la rigueur au service de la confiance
Le succès du Label Bas Carbone repose sur la solidité de ses méthodologies. En définissant des règles claires et scientifiques pour chaque secteur, le LBC garantit que chaque tonne de CO₂ certifiée correspond à une réduction réelle, mesurable et durable.
Pour les entreprises, collectivités et porteurs de projets, comprendre ces méthodologies est la clé pour bâtir une stratégie climatique crédible et efficace. C’est également une façon de participer activement à la transition écologique, tout en soutenant des initiatives locales à fort impact.