22 déc. 2020

Le sanglier d’Europe est-il un ravageur ou un élément essentiel à la biodiversité ?

Les sangliers prolifèrent en Europe et causent des dommages dans les champs et sur la route, certes, mais ils sont également essentiels à la reproduction des forêts.

Suzanne Sinniger
Suzanne SinnigerChargée de communication
Le sanglier d’Europe est-il un ravageur ou un élément essentiel à la biodiversité ?

Depuis qu’il prolifère en Europe, le sanglier s’est fait de nombreux ennemis, mais aussi d’ardents défenseurs. Il serait trop simple d’opposer les chasseurs, défenseurs d’un gros gibier de choix, d’un côté aux agriculteurs victimes des ravages causés par les sangliers, de l’autre. De prétendre que ce gros animal sauvage qui arpente nos forêts mais aussi nos champs n’est qu’un nuisible à éradiquer. Le sanglier a aussi son importance dans la vie des écosystèmes et la reproduction des forêts.

Quand les populations de sangliers augmentent

On l’appelle la bête noire, et sa présence dans nos cultures, autour de nos villes et villages, parfois même au cœur de nos villes peut causer des dégâts et agacer. Certes, il n’est pas de petit gabarit, n’est pas la discrétion incarnée, sauf quand il a senti le danger, et il ressemblerait davantage à un motoculteur sauvage qu’à un chaton bien élevé. 
Mais à la vérité, ce qui pose problème, c’est le nombre de sangliers depuis plusieurs décennies. Non pas vraiment sa présence dans nos forêts, bien qu’il puisse causer des dommages aux jeunes arbres, en s’y frottant. Le sanglier n’est pas plus dangereux pour les jeunes plants que les cervidés, cerf élaphe ou chevreuil, contre les assauts desquels les forestiers savent lutter. 
Toutefois, en quatre décennies, les populations de sangliers ont explosé. Alors que dans les années 1970, la Fédération nationale de chasse comptait 30 000 sangliers tués chaque année, nous avoisinons désormais les 600 000 ! C’est peu dire que leur population a grossi. Et les bêtes elles aussi ont grossi, sous l’effet de diverses causes.
Cette prolifération est d’abord due au fait que la chasse, jusque dans les années 1960, s’appuyait principalement sur le petit gibier. Lequel a largement disparu. Faute de biodiversité, les chasseurs se sont tournés vers le gros gibier, dont le sanglier sauvage est l'acmé. Soucieux de préserver leur gibier, les chasseurs ont fait en sorte d’augmenter les populations, en ne tirant pas sur les grosses femelles, parfois en agrainant les bêtes pendant l’hiver, et en introduisant des bêtes issues de croisements entre des sangliers sauvages et des cochons domestiques
Mais cela ne suffit pas à expliquer la multiplication du nombre de sangliers. Il faut également prendre en compte le développement de l’agriculture intensive, notamment des champs de maïs, pour l’essentiel destinés à la nourriture animale, par exemple des cochons, ces cousins des sangliers, qui aiment également ce régime.
Enfin, le réchauffement climatique est un facteur aggravant de ce phénomène, qui favorise la production de glands et de châtaignes, dont se nourrissent les sangliers, et qui favorise les portées des femelles et réduit la mortalité des petits marcassins. A quoi, nous devons ajouter enfin, la décroissance du nombre de chasseurs. 
Tout cela explique qu’en France, il se trouve plus d’un million de sangliers sur le territoire, bien que la chasse en prélève environ la moitié chaque année.

Quels sont les inconvénients d’une surpopulation de sangliers ?

C’est principalement d’un point de vue humain que l’on peut parler d’une trop grande quantité de sangliers sur un territoire donné. Car tant qu’ils trouvent de quoi se nourrir, les sangliers ne sont pas en surnombre, d’un point de vue naturel. Les dommages qu’ils causent sont essentiellement à déplorer dans les cultures agricoles et sur les routes, où le nombre d’accidents ne cesse de croître. 
Il est aujourd’hui très difficile de dire avec précision quel est l’état de la population des sangliers en France. Les chiffres varient d’un à deux millions. La bête est essentiellement présente dans le Nord et l’Est de la France, ainsi que sur le pourtour méditerranéen et les frais que leur augmentation engendrent, notamment pour la Fédération nationale des chasseurs, qui a accepté de les prendre à sa charge, sont de plus en plus élevés. 
Les rares prédateurs naturels que connaissent les sangliers d’Europe sont le lynx et le loup, qui sont actuellement trop peu nombreux pour jouer un véritable rôle dans la régulation des populations. Les problèmes posés par la “bête noire” ailleurs que dans les champs ou sur les routes sont liés à certaines maladies comme la peste porcine, par exemple, dont l’animal sauvage peut être vecteur, mais également la maladie de Lyme. Comme le cerf, le sanglier est un hôte privilégié des tiques, qui les transporte ça et là et contribue à la dispersion de cette maladie. D’autres risques de zoonoses sont également à prendre en compte, notamment dans le cas, assez commun, où les sangliers se reproduisent avec des porcs. 

Les sangliers jouent un rôle important dans la nature

Le sanglier joue toutefois un rôle de première importance dans le développement de la biodiversité, notamment dans l’accroissement et la diversification des forêts et des plantes forestières. 
Non seulement, il ne se refuse pas quelques repas d’animaux morts, évitant ainsi la pollution des eaux ou la transmission de certaines maladies, à l’image d’autres animaux nécrophages comme le corbeau, les vautours, etc, mais, par son activité de fouisseur, il aère les sols et, les retournant, met au jour des graines, parfois très anciennes, qui germeront grâce à son travail. Infatigable arpenteur des zones boisées comme des zones ouvertes, il transporte sur son pelage de très nombreuses semences de champignons, de plantes, ou d’arbres qu’il contribue assez largement à répandre et à implanter à des dizaines de kilomètres de la plante mère. 
Omnivore, il se nourrit aussi assez abondamment de larves d’insectes, de vers ou de mollusques, aidant les arbres à se débarrasser de certains envahisseurs pénibles comme le scolyte typographe
Aimant également se nourrir de tubercules et de champignons, il aide à en diffuser les spores, notamment dans le cas des truffes, dont il partage le goût avec l’écureuil. Mais comme le sanglier passe aussi beaucoup de temps à se rouler dans la boue et à se frotter aux arbres, il a été démontré que le nombre moyen de graines viables et d'espèces de plantes était plus élevé dans les sols qui se trouvent au pied des arbres où le sanglier se frotte que près des autres arbres. Pour certaines, on ne les trouve quasiment qu'au pied des arbres auxquels des sangliers se sont frottés. L’animal disperse notamment largement les graines d’espèces propres aux milieux humides, dont nous connaissons l’importance écologique et la raréfaction. 
Pour toutes ces raisons, un sanglier peut semer des centaines de graines à des dizaines de kilomètres à la ronde.

Caractéristiques du sanglier européen

Sus Scrofa est une espèce de mammifères omnivores et forestiers, de la famille des Suidés. C’est de sa domestication qu’est issu le porc. La femelle du sanglier est la laie.  Agé de moins de six mois, le petit sanglier est appelé marcassin. Sa livrée est rayée, et il naît les yeux ouverts. De six mois à un an, alors qu’il a perdu sa livrée, on l’appelle bête rousse, puis bête noire après un an, et ragot à deux ans. A six ans, c’est un vieux sanglier, et lorsqu’il vit seul, un solitaire. C’est à cela qu’il doit son nom de sanglier qui vient du latin singularis, désignant la bête qui vit seule. Un faux étymon chercherait à nous faire croire que son nom désigne une bête au sang mêlé, “sang lié”, mais aucun dictionnaire étymologique ne l’atteste. 
En France, le sanglier mâle pèse une centaine de kilos, une femelle entre 70 et 80, mais le poids varie en fonction des disponibilités alimentaires du milieu et l’on trouve des mâles adultes dont le poids dépasse les 150 kg. 
Omnivore et opportuniste, le sanglier adapte son alimentation à son environnement. C’est aussi l’une des clés de compréhension de sa prolifération. Il se nourrit pourtant essentiellement de matières végétales, la part animale n’excédant pas 5% de son régime alimentaire
Le sanglier est surtout actif la nuit, passant l’essentiel de son temps à chercher de la nourriture et dormant la plupart du jour. Il se couche alors à même le sol en creusant une légère déclivité que l’on appelle bauge. Celle-ci peut être occupée par plusieurs animaux d’une même compagnie. Elle est généralement sommairement aménagée d’éléments végétaux, notamment lorsqu’elle est établie sur des sols très humides ou par grand froid. 
Le sanglier est un animal sédentaire, qui tend à revenir sur son domaine vital même lorsqu’il en a été dérangé ou chassé. Celui-ci s’étend de 500 à 3000 hectares, et comme la population ne cesse de croître, certains sont poussés à trouver refuge au plus près de nos habitations, d’où les problèmes que l’on connaît, et que nous avons évoqués plus haut. Il convient donc de trouver un équilibre pour que la nature sauvage puisse cohabiter avec les habitations humaines. Il faut également savoir que, du printemps à la fin de l’été, l’animal n’aime pas être dérangé et qu’il convient alors de se rendre dans les forêts avec prudence et en respectant la faune sauvage qui y vit. 
 

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